Le Royaume d'Endemor: la Bataille de Gurkas épisode 8

  Malgré leur supériorité numérique, les Vikings tombaient comme des mouches sous la fureur des coups de l'Armée d'Endemor. Le Baron Grimm se battait comme un diable malgré une entaille sur le flanc gauche au niveau des côtes, récoltée quelques minutes plus tôt à la suite d'un coup d'épée Viking. Soudain, il sentit une présence derrière lui et eût tout juste le temps de se baisser pour esquiver le fléau de Guntär le Borgne. En se retournant, Grimm plaça une attaque au niveau de la tête du Viking mais ne réussit qu'à lui faire une estafilade au niveau de la joue gauche. Fou de rage, Guntär saisit le Baron de la main gauche et balança son bras droit, armé du fléau, en arrière. Grimm profita de l'occasion pour enfoncer son épée au plus profond du flanc gauche du Géant du Nord qui malgré la force de l'impact et de la douleur, continua son geste et vint écraser son fléau sur le crâne du Baron Grimm qui éclata comme une pomme. Ce sont deux cadavres de Grands Héros de chacun des camps qui touchèrent le sol quasi-simultanément. Gurdan, ayant assisté impuissant à cette scène, redoubla de rage et de violence. De leur côté, les autres troupes du Royaume massacraient à tout va, mais les Vikings semblaient reprendre le dessus. Au même moment, les regarde de Gurdan et de Rackham se croisèrent. On pouvait lire dans leurs yeux la haine qu'ils avaient l'un envers l'autre. Le temps semblait s'être arrêté. Les corps en charpie, les bruits des combats, tout ceci ne semblait plus exister. Comme s'ils n'étaient plus qu'eux deux, seuls au milieu de nulle part. Rackham fut le premier à lancer les hostilités en courant vers Gurdan, hurlant comme un damné, la hache prête à fendre en deux le crâne du Capitaine ennemi. Gurdan esquiva en se baissant et fonça la tête directement dans l'estomac du Chef Viking. Ce qui eu comme résultat de le faire voler par dessus Gurdan tel un fétu de paille. A peine venait-il de s'écraser lourdement sur le sol que Rackham se releva prêt à parer l'attaque de son ennemi qui au passage, en plus de sa hache de bataille, avait saisi une épée enfoncée jusqu'à la garde dans le crâne d'un Viking.

  -Yaaah! hurla Gurdan en se ruant sur Rackham.

  Le choc fut d'une telle violence que les deux hommes laissèrent échapper leurs armes. Qu'à cela ne tienne, ils allaient terminer ce duel à mains nues. La rage pouvait se lire dans leurs yeux, à la limite de la folie furieuse. Rackham soufflait et grognait comme un animal sauvage, en dévisageant Gurdan qui lui, avait les yeux injectés de sang par la haine grandissante qu'il portait à son ennemi. Le Viking se baissa et envoya une poignée de terre au visage de Gurdan pour l'aveugler et profiter de cet avantage pour se ruer sur lui tel un tigre sur sa proie. Les deux hommes roulèrent à terre tout en essayant chacun de faire le plus de dégâts à l'autre. Des coups de poing d'une violence inouie volaient de toute part et s'écrasaient tantôt sur les visages, tantôt dans les côtes des deux hommes qui ne renonceraient jamais malgré la douleur, quoi qu'il arrive!

  Rackham, voyant qu'il n'arrivait pas avoir le dessus sur la force colossale de Gurdan, tendit son bras droit pour trouver le moindre objet capable de tuer ou d'assommer son adversaire. Le hasard, souvent fastidieux, voulu que ce soit la tête du Chevalier Gaspard. Le coup porté au visage de Gurdan fut très violent. Celui-ci roula sur le côté en se tenant le visage à deux mains. Elles étaient couvertes de son sang. Son nez avait littéralement explosé sous la violence de l'impact. Gurdan était quasiment aveugle du fait de tout le sang qui lui coulait dans les yeux. Il ne vit pas Rackham arriver et poser ses deux mains puissantes sur son cou, mais il sentit sans aucun problème l'étreinte funeste du Chef Viking. Gurdan essayait de résister, mais le précedent choc l'avait complètement affaibli. Il sentait la vie s'échapper en même temps que l'oxygène se raréfier. Dans un dernier soupçon de désespoir et d'orgueil, il attrapa la tête de Rackham à deux mains et plaça ses pouces sur les orbites oculaires. Il savait qu'il n'aurait la force que pour une seule pression. Celle-ci fut telle que les yeux du Viking éclatèrent et que les pouces de Gurdan s'enfoncèrent dans une douleur atroce jusqu'au cerveau de Rackham qui s'écroula au sol, encore secoué par de violents spasmes, mais déjà mort.

  Il fallut un long moment à Gurdan pour reprendre ses esprits. Il essuya le sang dans ses yeux et contempla le corps du Chef Viking, gisant sur le sol, le visage ensanglanté et marqué d'une grimace de douleur des plus horribles. Gurdan saisit sa hache et d'un coup net, trancha la tête de Rackham. Il saisit ensuite un pieu au sol et y empala la tête. Il se retourna vers les Vikings qui combattaient de mieux en mieux car l'effet de surprise était totalement passé et brandit le pieu en hurlant pour attirer leur attention. Les combattants Vikings, interpellés par ce hurlement, se tournèrent vers Gurdan et ne purent que constater l'horreur de leur situation. La tête de leur redouté Chef gisait au bout de ce pieu de bois tenu par le Capitaine de l'Armée ennemie, ce qui signifiait que leur armée était vaincue. Les soldats d'Endemor profitèrent du désarroi Viking pour en massacrer un maximum. Les survivants s'enfuirent en courant comme des dératés à travers les bois.

  -Doit-on les poursuivre? demanda un soldat à Gurdan.

  -Non, répondit-il. Laissez les. Sans leur Chef, ils ne peuvent plus faire de mal.

  Il fit un tour complet sur lui-même en contemplant ce qu'il restait du campement Viking. Des milliers de corps des deux armées jonchaient le sol. Il leva le pieu avec la tête de Rackham et hurla:

  -Victoire!

  Les soldats qui avaient survécu laissèrent éclater leur joie. Certains paradaient avec des têtes ennemies, d'autres achevaient les blessés.

  -Qu'avons-nous fait? se dit Gurdan en voyant le résultat de ce combat pour la Liberté. Sommes-nous devenus comme eux? Nos coeurs et nos esprits parviendront-ils un jour à oublier les horreurs vécues durant ce jour funeste? Sa réflexion fut interrompue par les cris d'un soldat:

  -Un cavalier! Un cavalier!

  L'homme, visiblement épuisé par un long voyage, pénétra dans le campement et se dirigea vers Gurdan.

  -Capitaine, dit le soldat, j'appartiens à l'Armée du Prince Koregan. Nos forces ont été décimées par les forces Barbares. J'ai pu m'enfuir pour vous prévenir. Le Prince est mort durant la bataille ainsi que toute son Armée. D'ici quatre jours, une armée de dix mille Barbares fondra sur vous. Combien d'hommes vous reste-t-il?

  Gurdan regarda autour de lui et dit en souriant de dépit:

  -Le peu qui ne sont pas morts!

                                                                 A suivre...