Le Royaume d'Endemor: la Bataille de Gurkas épisode 11

  -Nous allons devoir redoubler nos efforts si nous voulons sauver le Royaume, dit Arkhonos. Cinq cents hommes ne tiendront pas une heure face à une armée de dix mille barbares assoiffés de sang. Nous sommes le dernier espoir du peuple d'Endemor. Ne le décevons pas!
  Sur ces dernières paroles, ils remontèrent à cheval et les poussèrent à presser l'allure deux jours durant.
  Au matin du sixième jour depuis leur départ de Gurkhas, ils contemplaient enfin les Montagnes de la Désolation. Elles étaient on ne peut plus sinistres. D'un aspect noir comme la suie, aucune végétation, aucun arbre n'y poussait. Aucun animal n'y vivait non plus. C'était la représentation parfaite du Chaos. L'endroit était si lugubre que nombre de hardis Chevaliers étant arrivés au pied des Montagnes avaient fait immédiatement demi-tour, sans même avoir aperçu ne serait-ce que l'ombre d'un Dragon. La brume perpétuelle qui stagnait au-dessus du sol ne faisait que renforcer le sentiment répugnant que donnaient ces Montagnes.
  Arkhonos décida de laisser les montures au pied des Montagnes pour essayer de se faire remarquer le moins possible avant d'arriver au Sanctuaire des Prêtres-Dragons. Chacun récupéra donc les affaires dont il pensait avoir besoin. Hugues n'oublia pas son "Crache-Mort" qui était peut-être leur seule chance de victoire contre les Dragons.
  Nos cinq héros avançaient prudemment mais rapidement tout en prenant soin de bien scruter le ciel. Ils devaient à la fois faire très attention et progresser rapidement car ils savaient que d'ici quelques heures, les Barbares fondraient sur les survivants de la bataille de Gurkhas et qu'il serait alors trop tard.
  Au bout d'une vingtaine de minutes de marche, Arkhonos s'arrêta:
  -Faîtes silence! Écoutez!
  Le silence qui régnait dans les Montagnes était glacial. Seul un léger sifflement se rapprochant se faisait entendre. Tout à coup, Sigismond hurla:
  -A terre!
  Ils plongèrent tous face contre sol et évitèrent de justesse les griffes acérées d'un immense Dragon. Il était d'une couleur assez sombre, une sorte de gris tirant vers le brun. Son envergure devait atteindre une vingtaine de mètres. A la base du crâne, une sorte de collerette osseuse protégeait le Prêtre qui chevauchait la terrifiante créature. Le Prêtre-Dragon s'était éloigné. Il allait sûrement donner l'alerte, prévenir que cinq fous essayaient de gravir leur Montagne. C'était une superbe occasion pour les Dragons de se repaitre de chair humaine.
  -Préparons-nous à nous défendre! cria Arkhonos.
  -Je ne suis pas décidé à mourir aujourd'hui, dit Hugues en déballant le "Crache-Mort" emballé dans une étoffe de toile, pour le préserver de l'humidité.
  -Que crois-tu qu'il va se passer? demanda Calder à Arkhonos.
  -Je pense qu'il va falloir, dès qu'ils arriveront, essayer d'en tuer un. Si nous y parvenons, peut-être alors écouteront-ils notre requête. Écoutez, nous nous concentrerons tous sur le premier de ces monstres qui apparaitra. Seuls, nous serons exterminés! Mais réunis, nous avons une infime chance qu'il nous faut à tout prix saisir.
  -Et si nous réussissons à en tuer un et qu'au contraire, ça les mette encore plus en colère? demanda Calder.
  -Et bien je serais fier de me présenter, face aux Grands Dieux, à tes côtés mon vieux Calder.
  -Gloups! fit Calder ayant espéré une autre réponse de la part d'Arkhonos.
  L'attente ne fut pas longue. Au loin, on entendait les sifflements des Dragons qui arrivaient.
  -Je veux que tu prennes le "Crache-Mort", Arkhonos, dit Hugues en lui tendant le canon. Moi, je me servirais de mon double canon à tir indépendant.
  -Très bien, dit Arkhonos. Visez le Prêtre avec flèches, lances et billes d'acier. Calder et moi essaieront de tuer le Dragon. Tenez-vous prêts, ils arrivent!
  Les Prêtres-Dragon arrivaient sur leurs proies à vive allure.
  -Laissez-les moi! Mon Dragon a besoin de s'amuser un peu, dit le prêtre qui les avait découverts à ses congénères.
  Sur ses paroles, ils s'écartèrent tous d'un coup, le laissant charger la petite troupe seul.
  Ils étaient tous les cinq prêts à accueillir la mort comme elle le méritait, en se battant jusqu'au bout, sans jamais abandonner.
  -Il arrive, dit Arkhonos. Protégez-vous des flammes avec vos boucliers et que les Dieux nous viennent en aide!
  Le Dragon fonça sur eux la gueule grande ouverte. Une immense flamme en sorti au moment où il passa au dessus d'eux. Les boucliers furent une bonne protection, mais à usage unique. La chaleur de la flamme les avait tous détruits.
  En se relevant, Arkhonos hurla:
  -Maintenant!
  Et un déluge de flèches, lances, billes d'aciers et sorts divers, s'abattit sur le Prêtre-Dragon, sans grand effet apparent. C'est alors qu'Arkhonos fit feu. Le boulet d'acier alla se loger dans la cuisse gauche du Dragon qui hurla de douleur. Un sourire apparut sur le visage d'Arkhonos.
  -On peut le tuer, dit-il calmement.
  Le Dragon faisait demi-tour pendant que les cinq compagnons rechargeaient leurs armes.

                                   A suivre...